Notre camarade et ami Roland Leroy, ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité, est disparu cette nuit, au terme d’un long combat contre la maladie.
Cette nouvelle, que nous attendions malheureusement après les mois de souffrance contre laquelle il se battait avec courage, accompagné par sa femme Danièle, par sa famille et l’ensemble de ses amis, provoque une profonde émotion au sein du PCF, parmi ses militants et ses directions, comme au sein de la rédaction du journal L’Humanité, journal auquel Roland a tant donné. Cette profonde tristesse est à la mesure de l’apport de Roland Leroy au combat pour l’émancipation humaine, pour l’avènement d’une société débarrassée des dominations et de l’exploitation, pour un nouvel essor de la démocratie.
Fils de cheminot et cheminot lui-même, Roland Leroy avait dès ses plus jeunes années embrassé le combat contre le nazisme et l’Occupation, mené au sein du Mouvement des jeunes communistes de France dans la Résistance, où Roland anima avec courage la diffusion de la propagande.
Il se poursuivra après la guerre au sein du Parti communiste français, dont Roland deviendra d’abord le premier dirigeant en Seine-Maritime, son département auquel son image s’identifiera, puis progressivement au plan national, avec son élection au Comité central, au Bureau politique et au Secrétariat du PCF.
Il s’incarnera parallèlement avec l’Humanité, journal qu’il dirigea durant 20 ans, en lui faisant franchir les transformations indispensables, en lui permettant d’ouvrir ses colonnes à des personnalités de premier plan à l’échelle planétaire, à l’image des grands entretiens qu’il mena avec Houari Boumédiène, Rajiv Gandhi, Fidel Castro ou encore Michaël Gorbatchev. C’est sous sa direction aussi que l’Humanité érigera son nouveau siège à Saint-Denis, imaginé par Oscar Niemeyer. Qui mieux que Roland pouvait ainsi mesurer les conséquences dramatiques pour le pluralisme, pour le débat d’idées dans notre société, des menaces pesant sur l’avenir de ce grand titre de la presse française qu’est l’Humanité ?
Roland mit cette même détermination à faire évoluer et grandir la Fête de l’Humanité, avec l’organisation notamment des premiers défilés de haute couture sur la grande scène de la Fête.
Car Roland Leroy était par ailleurs un homme de culture reconnu, avec sa contribution au Comité central d’Argenteuil en 1966 et avec la publication de son ouvrage « La culture au Présent » en 1972 qui fit date dans l’histoire du PCF. Roland contribua ainsi à affirmer une conception globale de la culture, devant être portée dans le combat politique, et à dessiner les contours de la nécessaire alliance entre la classe ouvrière et les intellectuels.
Il nourrissait sa réflexion de sa proximité, de son amitié étroite avec de grands créateurs, parmi lesquels Pablo Picasso et surtout Louis Aragon, dont il fut avec Michel Appel-Muller l’un des artisans majeurs de la Fondation créée après sa disparition.
Je me suis adressé ce jour-même à sa femme Danièle pour l’assurer, au nom de tous les communistes, mais aussi au nom des lecteurs, journalistes, diffuseurs de l’Humanité, de notre plus chaleureux et fraternel soutien dans ces tristes circonstances et lui dire combien l’héritage de Roland constituait un formidable legs pour les femmes et hommes aujourd’hui engagés dans le combat pour la libération humaine.
A Danièle, à François son fils, à ses beaux-enfants Laure et René, à ses petits-enfants Lenny, Jean-Baptiste, Adrien et Julien, j’adresse nos plus sincères condoléances et les assure de notre reconnaissance pour le combat et les idées que Roland nous laisse en héritage.
Fabien Roussel
Secrétaire national du Parti communiste français