Le projet de loi sur l’école affiche de grands objectifs que les communistes partagent :
Recrutement d’enseignants, priorité au primaire, réaffirmation du rôle de la maternelle et scolarisation des moins de 3 ans, réaffirmation du collège unique, création d’écoles supérieures du professorat pour la formation des enseignants.
Cependant, le projet de loi échoue dans ses ambitions de refonder l’école pour faire reculer l’échec scolaire.
Interpréter l’échec scolaire uniquement en termes de « rythmes », c’est faire l’impasse, par exemple, sur la suppression en 2012 de 2 500 postes d’enseignants spécialisés dans l’aide aux enfants en difficulté (RASED).
Le premier objectif de l’école publique n’est-il pas de permettre à chacun d’acquérir les bases nécessaires à la réussite scolaire.
Cette modification des rythmes scolaires provoque de multiples oppositions : elle n’améliore pas significativement l’équilibre du temps de l’enfant et elle est jugée comme une nouvelle dégradation des conditions de travail des enseignants et des autres personnels .
La réforme telle qu’elle est prévue ne fera que déstabiliser l’école : elle manque de clarté sur ses visées et ses modalités d’application.
Les rôles respectifs du scolaire et du périscolaire ne sont pas précisés. Des activités pédagogiques
pourront être mises en place, mais le gouvernement ne dit pas au service de quel projet éducatif. Sa faible durée, 45mn, en réduit la portée et pose la question du personnel encadrant.
Quant aux délais de mise en oeuvre pour les communes, ils sont trop courts.
Cette réforme va aggraver les inégalités territoriales face au service public de l’éducation nationale. Comment les communes les plus pauvres pourront-elles assumer les coûts supplémentaires qu’impliquent ces nouvelles activités pédagogiques périscolaires et la nécessaire formation des personnels ?
Comment pourront-elles faire face à l’augmentation de la demande de restaurant scolaire, de centre de loisirs ou de transport scolaire, découlant de la scolarité le mercredi matin ?
Les activités sportives, culturelles et socio-éducatives vont se trouver sérieusement perturbées. Comment feront les parents (notamment les femmes) qui ont choisi le temps partiel afin d’être disponibles le mercredi, pour renégocier leur temps de travail ?
L’assouplissement des normes d’encadrement (même personnel pour plus d’enfants) va nuire à la qualité de l’accueil journalier et à la sécurité des enfants.
Les enseignants du primaire sont très massivement opposés à cette réforme. Ces 10 dernières années, l’école a été attaquée de toutes parts par la droite, sa mission a été rendue difficile par des réformes qui n’avaient d’autre but que de répondre au dogme de la baisse des dépenses publiques. Ainsi les conditions de travail ont été fortement dégradées en même temps que les conditions d’apprentissage des élèves.
Il faut prendre le temps de faire une réforme au service de la réussite de tous les élèves sur tout le territoire. Les conditions du débat ne sont pas réunies pour une application de cette réforme dès la prochaine rentrée.