Tout juste élu maire de Fontaine (Isère), commune de la « ceinture rouge » de Grenoble, Jean-Paul Trovero s’inscrit dans une longue lignée de maires communistes depuis la Libération. Portrait.
Après une vie consacrée à l’engagement syndical, professionnel et politique, l’élection à la tête de la mairie de Fontai ne est un aboutissement pour Jean-Paul Trovero. Cette commune de 22300 habitants, séparée de Grenoble par deux ponts, est communiste depuis la Libération.
La tannerie, la taille des pierres, la maçonnerie puis des fonderies ou Ton fabriquait des télécabines ont façonné cette ville ouvrière et ses habitants, Les premiers sont ceux * qui sont descendus de la montagne », les habitants du plateau du Vercors. Puis les Siciliens, Espagnols, Grecs, Portugais, Tunisiens, Marocains et Algériens sont venus y poser leurs valises. « C’est la richesse de ce mélange de population qui nous a permis de gagner *, assure Jean-Paul Trovero, Ancien premier adjoint de Yannick Boulard, maire de Fontaine pendant 30 ans, Jean-Paul Trovero, 62 ans, est fier d’occuper le fauteuil des grands maires de la commune comme Léon Pinel et Louis Maisonnat.
Ce fils d’immigrés italiens originaires du Piémont a grandi dans le quartier populaire Saint-Bruno à Grenoble avant de s’installer à Fontaine. « Mon grand-père maternel était communiste garibaldien, maire de Caravino, près de Turin, et s’est installé à Grenoble pour fuir ie fascisme. »
Pas facile d’encaisser la présence de trois élus FN au conseil mun icipal Arrivé avec six voix d’avance devant le PS au premier tour, Jean-Paul Trovero a remporté réfection au second tour, après une quadrangu-laire PC, PS, UMP et FN. Le PS a refusé de se retirer. Aujourd’hui iî compte bien s’adresser aux 18 % d’électeurs qui ont donné leur voix au Front national au premier tour. « Je suis persuadé que ces gens ne partagent pas tous les valeurs les plus sombres du FN. Le rejet de la politique nationale, la précarité et la pauvreté sont sans doute les raisons les plus importantes dans leur choix.
Je veux tendre la main à tous, confie-t-il. Et se battre pour le vivre ensemble et la fraternité, des valeurs qui ont accompagné l’ensemble de ses engagements Entré en 1972 à la Société industrielle des combustibles nucléaires (S!€N), filiale de l’ex-Cogema, Jean-Paul Trovero était le leader CGT de l’intersyndicale qui a négocié le plan social de 2002 à la fermeture du site.
Licencié abusivement en 1992 pour activité syndicale, il avait ensuite été réintégré. « Pendant neuf mois, je n’ai pas touché de salaire, j « en ai profité pour reprendre mes études et passer un bac. Puis, j’ai obtenu une licence et maîtrise en économie, ressources humaines et gestion de remploi à l’université Pierre Mendès-France de Grenoble. » Soutenu par des amis, des militants, des « compagnons de route » comme il les appelle, Jean-Paul Trovero est devenu un bon spécialiste du groupe Cogema, mais aussi secrétaire du comité d’entreprise et délégué central du syndicat CGT. * Le site de Veurey où était installée l’entreprise comptait 800 employés
Lors de la fermeture, on est parvenu à ce que personne ne reste sur le bord de la route. » C’est ainsi qu’il voit son engagement auprès des habitants de Fontaine et du personnel communal, presque 500 agents, inquiets quant à l’avenir de leur statut à quelques mois de la métropolisaiion de Grenoble (voir l’entretien avec Sylvie Guinand. page 32). Ses trois dossiers prioritaires : les jeunes, la vie quotidienne des habitants et Grenoble métropole, prévue pour janvier 2015. « Les cartes sont redistribuées dans la région. Grenoble a un nouveau maire écolo, le président de l’intercommunalité na pas été réélu et à nous trois, la ceinture rouge autour de Grenoble, Saint-Martin-d’Hères, Êchirolles et Fontaine, nous réunissons 100 000 habitants quand Grenoble centre en compte 150000. Nous allons donc peser dans les débats car nous n’acceptons pas la métropole comme elle nous est imposée. Nous voulons défendre une métropole de projets qui respecte les services publics et qui ne centralise pas ses pouvoirs loin des citoyens. »
Même dans le foot sa passion, qu’il pratique comme éducateur sportif, il bataille pour distiller auprès des jeunes d’autres valeurs que celle de l’argent. « Ramener les jeunes au cœur de nos préoccupations, c’est ma priorité. »
MAUD DUGRAND
2 Commentaires
Mes grand-parents Trovero Jean et Trovero Thérèse sont partis de Caravino pour Grenoble dans les années 1920. Le nom de Bocchietti ne m’est pas inconnu.
Ma grand mère paternelle Maria Bocchietti née Trovero est partie de Caravino en 1929…