Formation à Fontaine avec Anicet Le Pors
Vous avez dit « socialisme » ?
S’adressant à plus de soixante-dix militants et sympathisants communistes réunis à l’initiative de la section Fontaine Rive gauche du Drac du PCF et des Jeunes communistes, Anicet Le Pors, ancien ministre communiste (1981/1984) et conseiller d’Etat, a vivement incité les participants, des plus jeunes aux plus anciens, à recourir « au rêve et à la raison » pour mettre en chantier une actualisation de « l’idée de socialisme ».
Le conférencier avait d’entrée ciblé l’enjeu : » Les forces libérales dominent le monde et utilisent la manipulation idéologique dénommée communication pour contenir -provisoirement- la montée des colères et des revendications. Elles ont moins besoin de théorie que ceux qui veulent changer la société et qui ont à démontrer en quoi le vieux monde d’exploitation et d’aliénation doit laisser place à un autre type de société, que l’on s’obstinera ici, non sans raison, à qualifier de socialiste ».
Une obstination qui trouve notamment sa justification dans l’insupportable condition humaine réservée aujourd’hui au plus grand nombre par la mondialisation du capital. « Incapable de faire face aux besoins humains », le capitalisme, en accentuant les inégalités, est « gros de risques de conflits meurtriers, voire de nouvelles guerres mondiales ». Alors que le temps n’est plus à « des arrangements contractuels » et que la nécessité de changer fondamentalement la donne est en germe dans les mouvements sociaux actuels, Anicet Le Pors invite à se méfier des approches « sentimentales et compassionnelles » qui, comme celles de Martine Aubry, « occultent la nécessité d’un changement radical ».
Cette autre société, ce « socialisme » que le récent congrès du Mouvement de la jeunesse communiste a réintroduit dans ses textes d’orientation et qu’un participant définira comme « un projet désirable », quels sont-ils exactement ? Se référant aux textes fondateurs du marxisme, l’orateur passe au crible les « piliers » cités dans « Le manifeste du parti communiste » (1848) et les réactualise à la lumière de l’expérience.
Considérant que, aujourd’hui comme au 19e siècle, « la propriété est un pouvoir, et par là un instrument possible de domination des hommes sur d’autres hommes », Anicet Le Pors valide sans hésitation comme condition incontournable d’avancée vers une société socialiste « la propriété des grands moyens de production, d’échange et de financement ». Qu’on le qualifie de « nationalisations à 100% » ou, selon l’expression favorite du conférencier, « d’appropriation sociale », ce processus expérimenté notamment à la Libération et en 1982, « sous l’impulsion des communistes », n’a pas d’avenir, comme le soulignera un participant, « sans l’intervention active des citoyens ».
Pour Anicet Le Pors, avec une réforme des institutions « qui permette le pouvoir du peuple tout entier », la citoyenneté est d’autant plus indispensable pour concrétiser « l’hypothèse socialiste » que « l’incapacité à faire émerger l’homme nouveau caractérise le plus clairement l’échec de l’expérience des pays dits du « socialisme réel ».
Là sont les principaux enjeux autour desquels le PCF – auquel revient « un rôle d’éducation » ou, pour reprendre l’expression d’un révolutionnaire, « d’éveilleur de consciences »- peut rassembler largement pour permettre le basculement vers une société socialiste.
Il est néanmoins clair pour Anicet Le Pors « qu’une démarche politique qui se fondrait aujourd’hui sur de telles options risquerait d’être contraire à certains intérêts électoraux à court terme. Stratégies d’alliances électorales immédiates ou choix politiques fondamentaux, telle est bien la question ».
Un DVD d’une durée de 110 minutes reprenant l’introduction et les débats a été réalisé: vous pouvez le commander à partir de la Page Contact.
Vous pouvez télécharger la synthèse de l’introduction d’Anicet Le Pors au format word, en cliquant ici !
Après l’introduction d’Anicet Le Pors, la salle réactive a alimenté cette réflexion sur l’actualité d’une perspective de construction d’une société nouvelle.