« Je n’ai pas perdu mon temps ». Ce titre de l’autobiographie du poète Jean Marcenac résume bien la vie d’homme engagé au service des autres de notre camarade Milou Raspail.
Un engagement qui n’a pas attendu le nombre des années : dès 1944 il a rejoint à 16 ans le mouvement clandestin des Jeunesses communistes, avant d’adhérer l’année suivante au Parti Communiste.
Dès lors son action militante ne connaîtra aucune trêve. La force qui l’anime est essentiellement motivée par la volonté de participer à la création d’un monde meilleur. Un monde qu’il veut moins violent, plus respectueux de la vie humaine et de la liberté des peuples qui, aux lendemains de la seconde guerre mondiale, rejette l’oppression coloniale.
Milou appartenait à cette génération de communistes qui se sont dressés contre l’occupation allemande et ont assisté à la victoire sur le nazisme. Il appartenait à cette génération de communistes qui, dopés par la mise en œuvre des avancées sociales et démocratiques du programme du Conseil National de la Résistance, ont trouvé l’énergie d’être sur tous les fronts des actions collectives.
Membre du bureau départemental du Mouvement de la paix, il sera, comme tous ses camarades communistes, partie prenante, au fil des années, de toutes les luttes pacifistes. Aux côtés des quatorze millions de Français qui ont signé l’appel de Stockholm, il agit pour l’interdiction de l’arme nucléaire.
Il bataille pour obtenir l’arrêt de la guerre en Indochine et la libération d’Henri Martin, cet ancien résistant FTP engagé dans la marine qui fut condamné à 5 ans de prison pour avoir distribué des tracts invitant les marins à réclamer la cessation des hostilités au Vietnam. Il est encore là lorsqu’il s’agit de s’opposer à l’intervention américaine en Corée ou d’exiger que la France stoppe sa sale guerre en Algérie.
Après avoir été dirigeant départemental des jeunesses communistes (appelées à l’époque -et jusqu’en 1956- « Union de la jeunesse républicaine de France”), il sera élu communiste à Voiron, deviendra membre du bureau fédéral et du Comité fédéral du PCF. Il sera à son arrivée sur Fontaine de toutes les campagnes menées par le PCF. Ardent partisan de ce qu’il aimait à nommer, en bon rugbyman, « le tête à tête », à savoir la volonté de faire partager son idéal au quotidien.
Avec le même leitmotiv, il était devenu un adepte du porte à porte dans les campagnes municipales ou cantonales et même nationales.
Naturellement très engagé sur le front syndical, il sera durant dix ans secrétaire général du syndicat CGT d’EDF. « j’ai appris, disait-il, chaque jour au contact des employés ».
Qu’il s’agisse du rugby ou du club des boules qu’il a présidés jusqu’à la fin, le monde sportif savait pouvoir compter sur lui (il a été médaillé Jeunesse et sports). Et ses billets d’humeur dans la chronique sport du journal « le Travailleur Alpin » sont encore présents dans nos mémoires.
Ce n’est que très récemment que la maladie l’a contraint à abandonner, à son grand regret, la diffusion de « L’Humanité Dimanche ». A chaque assemblée des communistes, il était là pour nous rappeler le rôle décisif du journal, auquel il m’a convaincu, comme bien d’autres, de m’abonner. Ce Journal, prolongement de son engagement, j’oserai dire de sa main fraternelle, qui l’a accompagné dans ses combats toute sa vie durant.
En ce qui me concerne je n’oublierai jamais le jour où Mauricette et Milou m’ont accueilli au sein de la cellule Cachin lorsque j’ai adhéré au PCF en 1991 Accueil empreint de cette Fraternité, de cette chaleur humaine, de cet enthousiasme, mais aussi de cette exigence, qui caractérisait si bien ce couple de militants attachants et empreints de convictions. Ils n’étaient pas toujours d’accord entre eux d’ailleurs et je vous assure que leurs échanges en réunions de cellule où de section ne manquaient pas de sel.
Je profite de cet instant pour vous dire que Milou aimait profondément sa ville de Fontaine, ses habitants. Et je veux lui rendre un hommage particulier en disant que Milou a toujours eu «Fontaine au cœur ».
La vie de Milou ne peut pas se résumer en quelques mots, ni en quelques phrases.
Ce que je sais, ce que nous savons, c’est que sa vie de militant a été une vraie et belle vie de combats mais aussi de partage et surtout de don de soi. Don de soi non pas seulement à une cause politique ou syndicale mais aussi et avant tout à l’être humain.
Une vie au cours de laquelle il n’a jamais perdu espoir ni renié le serment prêté en 1948 avec les jeunes communistes et qui résonne étrangement en cette époque difficile : « Que la jeunesse de France s’élance unie, confiante et résolue sur le chemin de la vie à la conquête du bonheur ».
C’est au nom de toutes les militantes et militants du Parti communiste français, de toutes celles et ceux qui comme lui ont défendu et porté les valeurs Humanistes que nous nous associons à l’hommage qui est rendu aujourd’hui à notre camarade, Milou Raspail.