Ce n’aurait pas été écrit, nous ne l’aurions pas cru !
Mais voilà, en pleine canicule, un coup de froid est venu abaisser le taux de rémunération du Livret A de 1,75 à 1,25 % et, dans la foulée, le Gouvernement, après avoir rencontré les dirigeants de la Fédération des Banques, a décidé de laisser à disposition de celles-ci rien moins que 30 milliards d’euros de l’épargne centralisée à la Caisse des Dépôts.
30 milliards d’euros, tout de suite, en attendant peut-être d’aller jusqu’à 50, pour que les banques daignent, enfin, financer les PME.
C’est étrange mais nous nous rappelons avoir, pour cela, créé une Banque Publique d’Investissement pour qui ces 30 milliards n’auraient sans doute pas été de trop…
Aujourd’hui, ce qui est sûr, c’est que les banques vont pouvoir faire ce qu’elles veulent des 30 milliards d’euros d’encours du livret A et du livret de développement durable (un livret dont le rapport Queyranne recommande de fiscaliser les intérêts !), au motif qu’elles ne disposaient pas de marges de manœuvre pour « financer le développement des petites et moyennes entreprises », et ce, du fait de « contraintes prudentielles ».
Les règles de Bâle ont bon dos pour une BNP dont l’actif bancaire est de 1 900 milliards d’euros (presque le PIB de la France !), tandis que Société Générale est à 1 250 milliards, BPCE à 1 150 milliards et Crédit Agricole à 1 840 milliards, signe que nos banques ont largement de quoi faire pour financer les PME.
Ces quatre grands établissements gèrent donc un total de bilan représentant trois fois la richesse du pays et ils n’ont pas trente milliards d’euros pour les PME ?
Et notamment leurs centaines de milliards de placements financiers, de produits dérivés, fruit de la fièvre spéculative qui les anime en permanence.
Il semble bien loin le temps où le Parti socialiste se battait, avec l’ensemble de la gauche, contre la banalisation du livret A, ressource dévolue à la construction et à la réhabilitation de logements sociaux (c’était pourtant en 2008)
Maintenant, il recule sur la centralisation de la ressource et laisse les mains libres aux banquiers.
Ni le logement social, ni les PME n’ont, depuis la distribution du livret A par toutes les banques, tiré le moindre avantage de la situation.
L’épargne populaire doit rester l’outil de construction du logement social, de la transition écologique, du développement social urbain, de l’égalité des territoires.
Il faut renoncer au transfert des fonds du livret A aux banques !