Ce 9 novembre 2019, après l’intervention de Jean Paul Trovero, Maire de Fontaine retraçant son parcours d’élu, au nom des communistes, Michel Barrionuevo a prononcé l’hommage suivant :
Ma chère Minouche, c’est ainsi que je t’appelais, il y a des années de cela. Au nom des communistes de Fontaine et du département, je tiens à utiliser mes termes familiers pour cet hommage :
Cher Henri,
La banderole du Congrès de Tours qui s’est tenu du 25 au 30 décembre 1920 avait comme mot d’ordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Henri, tu es né moins d’un mois après la décision très majoritaire de créer la Section Française de l’Internationale Communiste qui deviendra le Parti communiste français.
Tes parents étaient des ouvriers du textile et lorsque tu as eu 13 ans, c’est dans cette industrie que tu as fait tes premiers pas professionnels, avant de travailler dans les cuirs et peaux.
Tu venais tout juste d’avoir 15 ans lorsque tu as décidé de t’engager politiquement en adhérant à la jeunesse communiste.
C’était quelques jours après l’adoption du programme du Parti Communiste Français « Pour le pain, la paix et la liberté » adopté en janvier 1936.
36, c’était pour toi, une fierté. A la suite des puissantes grèves, les accords Matignon de juin, signés par la CGT et par le patronat, ont abouti à une augmentation des salaires, à la reconnaissance de la liberté syndicale, à la création des délégués d’entreprises. D’autres réformes sont venues compléter ces acquis parce que la grève n’avait pas faibli :
• deux semaines de congés payés
• la semaine de 40 heures au lieu de 48 heures
• les conventions collectives.
L’histoire du Front populaire est marquée aussi par des divisions.
Dès l’automne 1936, le Parti Communiste Français s’est démarqué de la politique gouvernementale à propos de l’Espagne et des questions économiques.
Tu t’es félicité de la prise de position en faveur d’une intervention active auprès de la république espagnole.
Lorsque bien des années plus tard, dans ton quartier de Fontaine, tu as souhaité que la cellule prenne le nom de Gabriel Péri, tu as du repenser à l’intervention qu’il avait faite devant la Chambre des députés pour dénoncer une politique qui laisse le champ libre au fascisme international et ne sert pas à préserver la paix.
C’est sur cette base que tu as participé au Comité d’aide et de soutien aux combattants de l’armée républicaine espagnole contre Franco.
En 1940 à Vienne dans la ville qui t’a vu naitre, tu as été inquiété, par la police de Vichy et tu as subi les brutalités de ces policiers en civils venus de Lyon.
A Vienne, y avait-il apposé cette affiche ignoble montrant un soldat allemand casqué avec ce mot d’ordre : « ils donnent leur sang, donnez votre travail pour sauver l’Europe du Bolchévisme. »
Lorsque le régime de Vichy a voulu te réquisitionner au titre du S.T.O, tu n’as pas répondu à la convocation et tu es devenu réfractaire au S.T.O. Cela te vaudra d’être privé de papiers officiels et de devoir mener une existence illégale et clandestine.
Ce régime t’a déclaré apatride et cette déchéance de nationalité c’était l’internement en camp spécial
Henri, tu as rejoint la Résistance, tu as participé aux actions des Francs-Tireurs et Partisans et des Force Unies de la Jeunesse Patriotique, dans les rangs du Groupe VALMY, sur la région de Vienne.
Lorsqu’il y a eu le débarquement des alliés en zone Sud, tu as entrainé les jeunes à se soustraire aux allemands et à rejoindre le maquis FTP, aux Côtes d’Arey.
Dans ce secteur, les actions consistaient à harceler les troupes allemandes remontant la vallée du Rhône, l’occasion t’a été donnée de faire quatre prisonniers et parmi eux, deux français portant l’uniforme nazi, ils fuyaient la France.
Tu seras parmi les libérateurs de Vienne. Tes supérieurs t’ont désigné adjoint au Commandant d’armes de la Place. Tu interviendras pour être réintégré dans la nationalité française.
Durant l’occupation, le Parti communiste français était clandestin, tu as attendu 1945, pour y adhérer officiellement.
Libéré de l’armée, tu es sollicité pour devenir le correspondant local du quotidien « la Voix du Peuple »
Ensuite, tu entres au quotidien « Les Allobroges » dont tu deviendras plus tard Chef d’Agence jusqu’à sa disparition.
Avec ta famille, vous êtes venus vous installer à Fontaine en 1959. Très rapidement les camarades communistes t’ont confié différentes responsabilités, de la cellule au secrétariat de notre section.
Les anciens des Allobroges, notamment Louis Sarté, Mauricette Raspail, Louis Maisonnat m’ont tous parlé de l’esprit de camaraderie qui régnait au journal, mais aussi des périodes lors desquelles les salariés ne pouvaient être payés et vivaient d’acomptes.
Sur le plan professionnel, tu as été appelé à diriger sur l’Isère, l’Agence Centrale de Publicité devenue par la suite, Régie de Publicité Alpine, jusqu’en 1981, date ou tu as pris ta retraite.
Durant 3 mandats, tu seras sur Fontaine, un élu communiste utile et dévoué, un adjoint attentionné.
En ta présence dans la salle Émile Bert située au rez-de-chaussée de la rue Jean Pain, chaque année, avec tes camarades de la cellule, vous teniez des permanences pour aider les familles à remplir leurs déclarations d’impôts.
C’est aussi dans cette salle que vous teniez vos réunions de cellule avec toujours cet objectif de transformer la vie pour la rendre meilleure, en luttant contre le capitalisme.
Je voudrais conclure cet hommage, en adressant nos fraternelles condoléances à toute ta famille et citer quelques extraits d’un poème d’Aragon à la mémoire de Gabriel Péri que tu chérissais tant :
Et s’il était à refaire
Je referais ce chemin
Une voix monte des fers
Et parle des lendemains
On dit que dans sa cellule
Deux hommes cette nuit-là
Lui murmuraient « Capitule
De cette vie es-tu las
Tu peux vivre tu peux vivre
Tu peux vivre comme nous
Dis le mot qui te délivre
Et tu peux vivre à genoux »
Rien qu’un mot rien qu’un mensonge
Pour transformer ton destin
Songe songe songe songe
A la douceur des matins
Et si c’était à refaire
Referait-il ce chemin
La voix qui monte des fers
Dit : je le ferai demain
Les petits enfant ont rendu leur hommage, après le dépôt de l’urne dans le colombarium, la chanson qu’il affectionné, la Montagne de Jean Ferrat a pu être auditionnée.