Ce 5 mars dans plus de 170 rassemblements, les travailleuses et le travailleurs expriment leur profond mécontentement sur l’avant-projet de loi qui sera discuté au Conseil des Ministres du 6 mars.
Avant-projet de loi peu médiatisé; les lecteurs de la presse locale auront pu lire que la manifestation entrainerait des perturbations sur Grenoble et leurs écrits concernant le 5 mars ont mis en avant la Frigide opposante au mariage pour tous.
Plus la vérité se fait jour sur le contenu de l’Accord national interprofessionnel conclu entre le Medef et certains syndicats de salariés, plus il devient évident qu’il s’agit d’un mauvais texte, qui va profondément dynamiter le code du travail.
Annie David, sénatrice communiste de l’Isère, au premier rang des manifestants à Grenoble a tenu à rappeler: les plans de licenciements se multiplient, les chiffres du chômage explosent, le temps partiel et le contrat à durée déterminé, se posent déjà en règle pour un nombre toujours plus grand de salarié-e-s, loin de sécuriser l’emploi cet accord le fragilise encore un peu plus et représente en réalité une régression sociale : encore plus de facilités pour les entreprises de licencier, limitation des droits des salarié-e-s et du rôle de leurs représentant-es, plus de flexibilité, de modulation du temps de travail, de mobilité forcée, droit de réduire les salaires et donc impacter d’autant le niveau des futures retraites….Par contre rien n’est prévu dans cet accord sur une baisse même temporaire des dividendes versés aux actionnaires, d’encadrement des hauts salaires, de limitation des parachutes dorés… Les seules avancées de ce texte, généralisation de la complémentaire santé, droits rechargeables à l’assurance chômage ou formation, sont repoussées à de futures et hypothétiques négociations….
Le parlement, Assemblée Nationale et Sénat, n’est pas une chambre d’enregistrement et la démocratie sociale n’impose pas aux parlementaires une transposition aveugle d’un texte qui ne leur conviendrait pas.
Aussi, avec mon groupe, communiste, républicain et citoyen au sénat, et les élus du Front de gauche, nous n’accepterons pas cette casse des droits des salarié-e-s et du code du travail. C’est dans ce sens que nous interviendrons en séance, pour porter d’autres propositions, comme celle contre les licenciements boursiers et le droit de reprise des salarié-e-s, ou bien le droit de veto et de débattre des choix stratégiques de l’entreprise, ou encore des droits attachés à la personne et transférable d’une entreprise à une autre, un compte individuel de formation opposable à l’employeur, pour l’égalité hommes-femmes en matière de salaire.
Les salariés se font avoir sur toute la ligne.
Si rien n’est fait, c’est une vraie révolution du Code du travail qui va se jouer. Les salariés et les syndicalistes n’auront plus aucun moyen de se battre contre les licenciements !
Laurence Parisot et le MEDEF ont mené une bataille d’enfer pour tenter de reconduire Nicolas Sarkozy et la droite au pouvoir; les salarié-e-s, majoritairement ont voté pour les écarter sur la base d’un slogan: le changement, c’est maintenant.
Aujourd’hui, elles et ils se sentent trahis et la quote de popularité du Président de la Réublique est à son plus bas niveau.
Face à cette montée du mécontentement, le gouvernement et une partie des députés socialistes se mobilisent.
Pour le ministre du Travail Michel Sapin, l’accord signé par 3 syndicats ultraminoritaires sur 5 est majoritaire, c’est comme si demain à l’Assemblée nationale et au Sénat, c’est le nombre de groupes parlementaires qui deviendrait la règle démocratique des décisions de la République.
100 député-e-s ont signé une tribune dans le JDD (dont les député-e-s de l’Isère: François Brottes, Michel Destot, Joëlle Huillier, Michel Issindou, Olivier Véran et le sénateur André Vallini) prétendant qu’il s’agissait d’une avancée au nom de la « démocratie sociale ».
Que de contre-vérités !
La « démocratie sociale » est devenue la nouvelle expression magique pour faire avaler de toute force ce projet si néfaste. Mais les mots ont un sens.
La démocratie, c’est un homme, une voix et une majorité.
L’ANI est tout sauf cela, car élaboré par une minorité des représentants syndicaux. La démocratie même accolé de l’adjectif social, ce n’est pas la domination d’une minorité sur la majorité.
Cette accord ne doit pas être transposé par la gauche à l’assemblée qui est majoritaire, faut-il le rappeler.