Dans un interview au journal l’Humanité de ce 16 Octobre 2023 à la question :
« L’extrême droite et une partie de la droite accusent plusieurs organisations, dont le PCF, de s’être mobilisées contre l’expulsion de la famille de l’assassin de Dominique Bernard, à Arras. Or ce terroriste n’avait qu’une dizaine d’années à l’époque. Que répondez-vous ?«
Fabien Roussel répond : « C’est honteux face à un tel drame d’ouvrir une polémique à l’encontre d’associations qui, au quotidien, œuvrent pour protéger des enfants. C’est indigne à l’heure où tout doit être fait pour unir les Français contre le terrorisme, l’obscurantisme et les fanatismes religieux. Nous avons, au PCF, condamné à l’unanimité l’acte terroriste islamiste ayant provoqué un mort et trois blessés. Il s’agit d’un crime odieux commis contre l’école de la République, lieu où justement nous luttons contre l’obscurantisme par l’accès à la connaissance et au savoir.«
Le même jour, nous avons reçu un message d’un fontainois, à partir de notre site disant : » j’apprends dans la consternation que le parti communiste est intervenu pour que la famille de l’assassin d’Arras qui faisait l’objet d’une reconduite à la frontière puisse rester sur le territoire français, pour y commettre des meurtres j’imagine…… «
Voici notre réponse :
Voici les faits, et rien que les faits.
• 2008 : Originaire d’Ingouchie, une république russe voisine de la Tchétchénie, la famille Mogouchkov (père,mère, 5 enfants) arrive en France et s’installe à Rennes en Bretagne . Le futur tueur d’Arras, Mohammed, a 5 ans. Malgrè la multiplication des démarches pour obtenir le statut de réfugiés politiques la famille est déboutée du droit d’asile par la préfecture d’Ille et Vilaine qui prend une mesure d’expulsion.
• 18 février 2014 : arrestation de la famille qui doit être expulsée vers Moscou suite au refus du droit d’asile. Aucun lien ni mention de « fiché S ». Mohammed a 11 ans. Des associations se mobilisent pour contester l’expulsion : MRAP ; CIMADE- association protestante de soutien aux migrants, réfugiés, déplacés…; RESF (Réseau Education Sans Frontière).
La famille est remise en liberté par les autorités du ministère de l’Intérieur, l’arrêté préfectoral d’expulsion ne respectant pas la loi Vals adoptée en 2012 qui prévoit que ne peuvent être expulsées les personnes
présentes sur le territoire français depuis plus de 5 ans, ni les enfants scolarisés parlant français, ce qui était le cas pour la famille Mogouchkov.
Dans une déclaration, la section de Rennes du Parti communiste français « se félicite de la mobilisation des associations qui a su faire reculer la préfecture et libérer la famille ».
• La famille s’installe à Arras. Elle est déboutée du droit d’asile par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) puis par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Le père, entre temps fiché S, est expulsé en 2018 vers Moscou. Si certaines sources supposent qu’il serait revenu en France, d’autres à priori plus sérieuses affirment qu’il vivrait en Géorgie. Certitude : il a été en contact fréquent avec son fils Mohammed et le frère de ce dernier, qui a été arrêté en 2019 par la DGSI et condamné pour un projet d’attentat terroriste.
• Situation de Mohammed Mogouchkov : ses demandes de droit d’asile ont été rejetées à deux reprises (ainsi que celles déposées par sa mère). Fiché S depuis peu, il était inscrit à l’université depuis la rentrée. N’était pas expulsable à ce jour dans le cadre de la loi protégeant les enfants arrivés en France avant l’âge de 13ans.
La position du Parti communiste français est sans équivoque, voici la Résolution adoptée par son Conseil national le 15 octobre 2023 :
« Contre le terrorisme, construisons la République sociale et démocratique !
Dominique Bernard était professeur à Arras, il a été assassiné dans l’établissement scolaire où il enseignait. Notre émotion et notre indignation sont immenses.
Nous adressons à sa famille, à ses proches, à ses collègues et élèves notre solidarité et notre soutien. De même qu’aux deux autres fonctionnaires blessés lors de cet attentat terroriste.
Nous avons encore toutes et tous en tête le terrible attentat, de même nature, tuant Samuel Paty, il y a trois ans.
Stop ! C’est insupportable.
En assassinant encore un enseignant, c’est à un pilier de la République que l’on s’attaque. C’est parce que l’école publique, laïque est le meilleur rempart contre l’obscurantisme et le fanatisme qu’elle est encore attaquée.
C’est extrêmement grave.
C’est parce qu’elle développe l’esprit critique face au dogmatisme, les savoirs face aux croyances que les terroristes la prennent pour cible.
Le terrorisme islamiste mène une guerre contre la séparation des religions et de l’État. Contre la laïcité qui garantit la liberté de conscience et de critique. Contre la liberté d’expression, de création et le droit à la critique de toute religion. Contre l’égalité entre des citoyennes et des citoyens que ne doivent distinguer ni leurs origines, ni leurs religions, ni leurs convictions intimes.
Comme à chaque fois, les forces réactionnaires, l’extrême droite vont se saisir de ce drame pour semer la haine, diviser notre peuple, et avancer leurs idées racistes en stigmatisant une partie de nos concitoyens, en mettant en cause notre République laïque.
Oui, le terrorisme et la barbarie, d’où qu’ils viennent, doivent être condamnés et combattus. Nous affirmons également que nous ne combattons pas la haine par la haine.
L’urgence, c’est de protéger les enseignants, la communauté éducative, les élèves.
L’urgence, c’est aussi de combattre le terrorisme.
En donnant les moyens d’agir aux pouvoirs publics, au renseignement, à la police et à la justice mais aussi en faisant vivre les valeurs de la République partout, pour tous et toutes, avec des services publics puissants.
En construisant une République sociale et démocratique.
En redonnant à l’école publique, républicaine et laïque, les moyens d’élever le niveau de connaissance de chacune et chacun, de développer un jugement libre et l’esprit critique.
Nous apportons notre soutien à l’ensemble de la communauté éducative de notre pays, choquée et meurtrie de ce nouvel assassinat. L’émotion est vive, la douleur est immense. Au-delà de cela, il faut redonner aux enseignants, à l’école, les moyens de former la jeunesse, de la faire accéder aux savoirs, de former son esprit critique. C’est redonner à tous nos services publics les moyens de construire la justice sociale et l’égalité entre les citoyens et citoyennes.
Plus que jamais nous défendons l’ambition d’une culture commune de haut
niveau, une école émancipatrice, qui donne à la jeunesse les moyens de
maîtriser son avenir, notre avenir.
Nous appelons les citoyennes et les citoyens à être unis contre le terrorisme et à défendre ensemble l’école publique, pilier essentiel de notre démocratie et de notre République ».