Rétablir les acquis du programme du Conseil National de la Résistance
A Fontaine la cérémonie célébrant la victoire sur le nazisme du 8 mai 1945 s’est déroulée dimanche matin en présence d’une soixantaine d’habitants, élus et représentants d’associations d’anciens combattants. Des gerbes ont été déposées par des représentants de la municipalité, l’ANACR, la FRAPNA et la section du Parti Communiste au monument aux morts de la seconde guerre mondiale situé au cimetière de la Poya.
Au nom de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance) Yvette Ardito a lu le discours écrit par Albert Potton qui n’avait pu être présent, discours que nous publions ci-dessous.
« L’année 2010 a été celle du 65ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, de la victoire des peuples sur la barbarie qui, en moins d’une décennie, avait fait des dizaines de millions de victimes. Cette victoire sur le nazisme et le fascisme s’accompagna de l’espérance que ces idéologies criminelles étaient définitivement vaincues et de l’aspiration à un monde meilleur, fraternel, solidaire et en paix, que concrétisèrent la création et la Charte de I’O.N.U.
Soixante-six ans après cette victoire, acquise au prix de tant de douleurs et de sacrifices, le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui n’est pas -hélas- la concrétisation de cette espérance et de cette aspiration qui restent d’actualité, car il connaît toujours la guerre, le racisme et la xénophobie, la dictature, les injustices et les exclusions.
Le fascisme a relevé la tête et, à la faveur de la crise politique, économique et sociale, il retrouve une audience des plus préoccupantes alors même qu’il est toujours liberticide et porteur de haine à l’égard des minorités nationales, religieuses ou sociales, des immigrés, des autres peuples.
Pire, au-delà des partis et groupes qui s’en réclament explicitement, son idéologie contamine des forces qui, par proximité politique ou par opportunisme électoral, reprennent sous une forme atténuée mais non moins dangereuse, son discours d’ordre et de xénophobie, et elle se diffuse dans notre société, notamment au sein d’une partie de la jeunesse révoltée par ses conditions de vie présentes et son manque de perspectives d’avenir.
De cela témoignent dans notre pays les campagnes qui, ces dernières années, se sont succédées en désignant les immigrés comme responsables des maux de notre société tels la délinquance et le chômage de masse, du débat sur l’identité nationale à la stigmatisation d’une communauté entière telle celle des Rom et la constitution de fichiers illégaux comme celui de la gendarmerie concernant les gens du voyage ou le fichier « EDVIGE ».
Soixante-six ans après la fin de la seconde guerre mondiale disparaissent peu à peu mais inexorablement celles et ceux qui furent les témoins de ce que fut la réalité du fascisme au pouvoir et de ses crimes, celles et ceux qui en furent les victimes, celles et ceux qui le combattirent et que I’ histoire a appelé et appelle les Résistants.
Ces Résistants qui étaient alors les porteurs de l’espérance d’une France et d’un monde démocratique et en paix, de cette aspiration à une société plus juste, fraternelle et solidaire, dans laquelle l’intérêt général primerait sur les intérêts particuliers, espérance et aspiration qu’ils avaient concrétisées par le programme du Conseil National de la Résistance (le C.N.R.)
Or, il est plus que jamais nécessaire que leur témoignage ne s’éteigne pas avec eux, que le combat contre le fascisme qu’ils ont mené toute leur vie continue parce que le danger reste présent, que ces valeurs humanistes, démocratiques et de justice qui les motivèrent soient portées au cœur de notre vie publique, de nos débats citoyens, qu’ils soient politiques ou sociaux, que leur lutte pour la défense de la paix soit poursuivie.
C’est pour ancrer dans la mémoire nationale ce que fut le rôle historique de la Résistance dans la libération de notre pays et dans la restauration de la liberté pour son peuple, pour en faire un moment fort de la transmission de la mémoire et des valeurs de la Résistance, que nous exigeons l’instauration, au plus tôt, d’une Journée Nationale de la Résistance le 27 mai, date anniversaire de la création du C.N.R. par Jean Moulin en 1943, date symbole de l’unité de la Résistance.
C’est ce combat et ces valeurs qui fondent notre Association et qui, au-delà de nos différences de conceptions politiques, philosophiques ou religieuses, nous rassemblent, Résistants et Amis de la Résistance, au sein de l’Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance, I’A.N.A.C.R.
Nous voulons être ainsi des passeurs de mémoire et des éveilleurs de conscience dans la fidélité au combat des Résistantes et Résistants.
La Résistance doit donc continuer à vivre avec passion la lutte pour rétablir les acquis du programme du C.N.R. qui faisait de la France un pays où la justice, la solidarité et la liberté constituaient un modèle envié par beaucoup de nations.