Barrages hydroélectriques: le besoin de créer un rapport de force
Dès 8h15 le 31 janvier, les militantes et militants du collectif Front de gauche Isère, se sont adressés au travers d’un tract (téléchargeable) aux délégués venant des quatre coins de l’hexagone participer aux 14ème assises de l’énergie.
La bataille entreprise contre l’ouverture à la concurrence des ouvrages hydroélectriques reçoit un écho national, avec à ce jour plus de 2 800 signataires de notre pétition.
Compte-rendu de l’audience accordée par le cabinet de Delphine Batho à une délégation du Front de Gauche Isère – Grenoble, jeudi 31 janvier 2013
Le groupe de travail du Front de Gauche – Isère, qui a mené une réflexion sur la mise sur le marché des concessions des ouvrages hydroélectriques, avait sollicité une audience auprès de Delphine Batho (ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie) lors de sa venue à Grenoble le jeudi 31 janvier 2013.
La ministre a chargé alors l’un des ses collaborateurs Monsieur Przyluski, conseiller technique en charge de l’économie, de recevoir une délégation à la préfecture de l’Isère.
La délégation du Front de Gauche était composée de : Michel Barrionuevo (PCF), Gérard Beck (PAG38), Patrick Durand (PCF), Jean-Marie Dyon (PG), Guy Lucazeau (PG) et Bernard Perugini (sans appartenance).
En préalable, nous avons fait part à Monsieur Przyluski de notre inquiétude face à la libéralisation des concessions, inquiétude qui nous a conduits à mettre une pétition en ligne sur le Net et à élaborer un dossier sur cette question. En lui signifiant notre opposition à l’ouverture à la concurrence et notre revendication de la mise en place d’un pôle public de l’énergie et ce, dans le cadre d’un développement des énergies renouvelables.
Après lui avoir remis notre dossier, nous lui avons rappelé le nombre de signataires de notre pétition (2 800) et lui avons précisé un certain nombre de points abordés dans ce dossier.
En bref :
- À la Libération, plus de 1 000 entreprises produisaient de l’électricité. La loi de nationalisation issue du Conseil National de la Résistance a créé en 1946 EDF : une prouesse sociale, technique, administrative et citoyenne. Cette entreprise nationale a permis le développement national et coordonné de la production et de la distribution de l’énergie.
- Ces ouvrages propriété de la Nation sont depuis longtemps amortis. Il ne serait pas tolérable que des opérateurs arrivent à la seule fin d’en tirer des bénéfices.
- Les STEP (Stations de transfert d’énergie par pompage) ne remplissent plus l’une des fonctions pour lesquelles elles avaient été conçues : le pompage de l’eau du réservoir inférieur vers le réservoir supérieur. Et ce pour des raisons financières, le coût de l’énergie électrique nécessaire à ce pompage aux « heures creuses » étant devenu trop élevé pour EDF conduit à payer une redevance à RTE (Réseau de transport de l’électricité).
- La gestion des ouvrages est de plus en plus guidée par des intérêts financiers.
- Il est à craindre, si ces intérêts financiers prévalent, que la sécurité des barrages ne soit plus assurée, comme le respect de l’environnement, le développement touristique autour de ces retenues d’eau ou les besoins connexes d’irrigation.
- La sécurité est conditionnée par l’expérience des opérateurs actuels et leurs connaissances du terrain, le professionnalisme des salariés.
- Déjà la présence de techniciens résidant à moins d’un quart d’heure des ouvrages pour une intervention urgente est de moins en moins respectée. Qu’en serait-il avec d’autres opérateurs venus pour recueillir avant tout des dividendes substantiels ?
- La DTG (Direction technique générale) doit poursuivre sa mission d’organisme indépendant de contrôle.
- Marie-Noëlle Battistel, députée PS chargée d’une mission d’étude, a évoqué une possible régionalisation de l’énergie. Nous estimons que l’unicité de l’ensemble doit être préservée, respectant ainsi ce qui avait été inscrit dans le programme du Conseil National de la Résistance.
- Nous avons insisté fortement sur les règles démocratiques qui doivent prévaloir: associer les salariés, les élus de proximité, les citoyens.
Interrogé sur l’absence actuelle d’appels d’offres alors que Jean-Louis Borloo alors ministre de l’environnement avait décidé, en 2008, de mettre sur le marché les concessions de 49 ouvrages, interrogé également sur les contraintes européennes, Monsieur Przyluski n’a pu répondre clairement à ces questions.
Sa réponse :
- Madame la Ministre a conscience que ces ouvrages constituent un patrimoine national, il ne s’agit pas de le brader et il n’y aura pas de précipitation dans le déroulé ;
- Certes la question de l’attribution des concessions se pose mais cela ne conduirait pas pour autant à l’abandon des responsabilités de la puissance publique ;
- Le rapport de Marie-Noëlle Battistel va constituer le premier cadre du débat, néanmoins tout est envisageable ;
- Les injonctions européennes font que les réponses sont compliquées à l’image d’une partie d’échec.